Commentary on Political Economy

Friday 17 April 2020

RATLAND ECONOMY BURDENED BY 400% OF GDP DEBT IS CLOSE TO COLLAPSE

Le grand bond en arrière de l’économie chinoise

Dans l’usine du constructeur japonais Honda, à Wuhan (Chine), le 8 avril. NG HAN GUAN/AP
Le produit intérieur brut a plongé de 6,8 % au premier trimestre. Une contraction inédite depuis quarante ans
PÉKIN - correspondant
Pour la première fois depuis plus de quarante ans, l’économie chinoise a connu, au premier trimestre 2020, un sévère recul. Le produit intérieur brut (PIB) a officiellement plongé de 6,8 %, comparé aux trois premiers mois de 2019, selon les données publiées, vendredi 17 avril, par le Bureau national de la statistique.
Ce chiffre est historique. Même pendant la crise financière de 2008, la Chine n’avait pas connu de récession. A l’époque, grâce à son gigantesque plan de relance équivalant à 13 % de son PIB, elle avait même été l’une des principales locomotives de la reprise mondiale.
Cette fois, que cela soit fondé ou non, une bonne partie des Occidentaux l’accusent au contraire d’être à l’origine de la pandémie de Covid-19, et, partant, de cette crise mondiale, la plus grave depuis les années 1930. Survenue en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis, cette crise pourrait être celle de trop.
Plus discrètement que Donald Trump, mais de manière plus structurée, Shinzo Abe, le premier ministre japonais, mène depuis début mars, avec le patronat nippon, une réflexion stratégique de relocalisation de l’industrie qui, se murmure-t-il, inquiète au plus haut point les dirigeants chinois. Montré du doigt à l’extérieur, le Parti communiste va être également sur la défensive sur le plan intérieur. Il ne devrait pas atteindre l’objectif qu’il s’était fixé en 2012 : doubler le revenu par habitant entre 2010 et 2020. Il faudrait pour cela que la croissance atteigne environ 6 % cette année. Nul n’y croit.

Plan de relance

Autre conséquence : il n’est pas certain non plus que la Chine parvienne à mettre un terme cette année à la grande pauvreté, comme le président, Xi Jinping, s’y était engagé. Alors que des millions de diplômés vont entrer sur le marché du travail au cours des mois à venir, la situation de l’emploi est inquiétante. Une étude publiée jeudi 16 avril par l’université de Pékin montre qu’au premier trimestre les offres d’emploi ont baissé de 27 % comparé à 2019, qui n’était déjà pas une année exceptionnelle.
Cette chute atteint environ 33 % dans les PME, d’ordinaire le secteur le plus dynamique – et 10 % dans les sociétés de plus de 1 000 salariés. Même les entreprises publiques ont réduit leurs recrutements de 20 %. Seule raison d’espérer : ce recul était de 32 % fin février, mais s’est ralenti en mars. Les chiffres du chômage représentent une boîte noire en Chine, mais, la « stabilité sociale » constituant la pierre angulaire du régime en place, le pouvoir observe le marché de l’emploi comme le lait sur le feu.
Les déclarations optimistes d’une « reprise en V » émises par certains économistes en février ne sont plus qu’un souvenir. Le Fonds monétaire international ne s’attend qu’à une croissance en Chine de 1,2 % cette année. Le gouvernement n’a toujours pas publié ses prévisions. Traditionnellement, le premier ministre les dévoile lors de la réunion des deux sessions du Parlement, qui se tient début mars. Cette année, cependant, en raison de la crise liée au coronavirus, ces sessions ont été reportées. Pour le moment, aucune date n’a été fixée.
Signe de l’embarras dans lequel le pays est plongé, certains économistes conseillent même au gouvernement de ne pas publier de prévisions de croissance cette année. Officiellement, les entreprises tournent à 80 % de leur capacité, et la crise appartient presque déjà au passé. Il est vrai que la vie reprend un peu partout. Mais des dizaines de millions de citoyens ont été privés de revenus en février et mars, et nombre d’entre eux ont perdu leur emploi.

Allégement de TVA

La Chine a déjà adopté plusieurs mesures pour soutenir son activité, mais son plan de relance ne dépasse pas 3 % de son PIB. Rien de comparable avec 2008. Lors d’une réunion présidée par le premier ministre, Li Keqiang, mardi, il a été décidé de ne pas ajouter de nouvelles mesures, mais de s’assurer que les décisions prises en début d’année soient effectives. Pékin entend pourtant jouer à la fois sur l’offre et la demande, en actionnant la politique budgétaire, mais aussi monétaire.
Du côté de l’offre, l’accent est mis notamment sur les « nouvelles infrastructures », comme le développement de la 5G et du commerce en ligne. Par ailleurs, les PME bénéficient d’un allégement de TVA et toutes les entreprises, d’une diminution ou d’un report de cotisations sociales et d’une ristourne sur leur facture de gaz et d’électricité. Autant de dispositions que le gouvernement chiffre à environ 200 milliards d’euros, en intégrant l’effet du report de décisions prises précédemment.
En vue de relancer la demande, les gouvernements locaux multiplient les bons d’achat pour inciter les ménages à retrouver le chemin des centres commerciaux, accordent des jours de congé autour du 1er mai et renouvellent pour deux ans les subventions à l’acquisition d’un véhicule à énergie nouvelle. Alors que les déficits publics – tant de l’Etat que des provinces – devraient se creuser, la banque centrale va réduire le ratio des réserves obligatoires pour les petites et moyennes banques, afin que celles-ci consentent des prêts aux PME à des taux d’intérêt avantageux. Selon la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur, la Coface, environ 51 milliards d’euros de liquidités devraient ainsi être injectés dans le système.
Pour remonter le moral des Chinois, le groupe immobilier Evergrande a lancé jeudi le début de la construction d’un spectaculaire stade de football de 100 000 places à Canton. Son ouverture est prévue fin 2022. Pourtant, en ce moment, ni les Chinois ni sans doute leurs dirigeants n’ont le cœur à la fête. D’ailleurs, les stades restent fermés.

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