Commentary on Political Economy

Thursday 25 March 2021

 

TO SAVE FRANCE FROM ISLAMISM, PLACE ALL GREENS AGAINST A WALL...AND SHOOT,  SHOOT,  SHOOT. 

Mosquée de Strasbourg: «Le nouveau cadeau des écologistes aux islamistes»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Une délibération de la mairie écologiste de la ville de Strasbourg accorde une subvention de 2,5 millions d’euros pour la construction d’une mosquée turque. Pour le co-fondateur du Printemps républicain, la majorité EELV opère une rupture politique inquiétante en tendant la main à l’offensive politico-religieuse d’Erdogan en Europe.

Par Gilles Clavreul
Mis à jour 
«Le coût des travaux de la mosquée Eyyub Sultan a dérapé, entraînant un doublement du budget initial». FREDERICK FLORIN/AFP

Gilles Clavreul est co-fondateur du Printemps républicain et délégué général du club de réflexion L’Aurore. Il a été délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme de 2015 à 2017.

La délibération adoptée par le conseil municipal de Strasbourg, prévoyant un financement de plus de 2,5 M€ pour la construction de la mosquée «Eyyub Sultan», portée par l’organisation islamiste turque Milli Görüs, jette une lumière nouvelle sur l’écologisme municipal, sept ans après l’élection d’Éric Piolle à Grenoble et surtout neuf mois après les victoires remportées par les candidats Europe Écologie - Les Verts (EELV) à Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Besançon et Poitiers.

Jusqu’à présent, les sorties hasardeuses de Gregory Doucet (Lyon) contre le Tour de France ou de son homologue bordelais Pierre Hurmic renonçant au traditionnel sapin de Noël, avaient pu prêter à sourire.

Avec la décision strasbourgeoise, contestée par tous les groupes politiques dont les socialistes, qui font pourtant partie de la majorité, les écologistes affirment un choix politique lourd de conséquences pour Strasbourg, mais aussi pour eux-mêmes sur le plan national, et par extension pour la gauche dans son ensemble.

Faisant partie des organisations qui refusent de signer la charte de l’islam de France élaborée au sein du CFCM, ses représentants sont en première ligne pour défendre les positions d’Erdogan.

Pour Strasbourg, bien que la majorité EELV s’en défende, cette décision marque une rupture. Certes, une pratique déjà ancienne, dans cette ville concordataire, prévoit un accompagnement financier des projets cultuels allant jusqu’à 10% des travaux.

Cependant, il s’agit d’une faculté et pas d’un droit, d’un maximum et pas d’un montant forfaitaire, dans le cadre d’une négociation qui débute avant le début des travaux.

Or, la première pierre de la mosquée Eyyub Sultan a été posée en octobre 2017, en présence d’un membre du gouvernement turc. Entre-temps, le coût des travaux a dérapé, entraînant un doublement du budget initial. L’ancien maire Roland Ries avait alors été catégorique: pas de financement municipal pour un projet commencé.

Enfin, jamais un tel montant n’avait été accordé pour un projet de cette nature. 2,5 M€ sans aucune garantie sur les cofinancements, c’était tellement gros que l’équipe municipale a dû in extremis revoir sa délibération pour conditionner l’aide de la ville à la production d’un plan de financement crédible.

C’est donc en faisant cavalier seul, et en montrant une légèreté certaine dans l’allocation des fonds publics, que la majorité écologiste offre à Erdogan une manne substantielle pour une réalisation destinée à affirmer le rayonnement de l’islamisme turc, projet inséparablement politique et religieux, au cœur de la capitale européenne.

Fondée par l’ancien Premier ministre Necmettin Erbakan, Milli Görüs («vision nationale») est l’un des vecteurs de l’influence politico-religieuse turque en Europe. Faisant partie des organisations qui refusent de signer la charte de l’islam de France élaborée au sein du CFCM, ses représentants sont en première ligne pour défendre les positions agressives d’Erdogan contre la France, accusée «d’islamophobie».

Pour la capitale européenne des droits de l’Homme, c’est un drôle de symbole ; surtout au moment où Ankara se retire de la convention…d’Istanbul contre les violences faites aux femmes !

Autrement dit, les écologistes strasbourgeois font un cadeau conséquent à l’un des fleurons de l’offensive islamiste en Europe. Pour la capitale européenne des droits de l’Homme, c’est un drôle de symbole ; surtout au moment où Ankara se retire de la convention…d’Istanbul contre les violences faites aux femmes!

On voit mal comment cette décision pourrait rester sans conséquence au niveau national, tant elle confirme une inflexion plus générale, pour ne pas dire un changement de cap, de l’écologie politique telle que l’incarne et la pratique Europe Écologie Les Verts.

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D’une part, elle durcit considérablement l’image d’une formation politique plutôt associée, historiquement, à un état d’esprit libertaire et féministe, peu compatible avec la bigoterie d’où qu’elle vienne ; d’autre part, elle va sérieusement compliquer des relations déjà tendues avec les autres formations de gauche, non seulement le parti socialiste qui se réancre de plus en plus dans sa tradition laïque et universaliste, mais aussi avec le Parti communiste, qui a voté contre la délibération municipale, voire avec la France insoumise, hostile au Concordat.

En bref, déjà fragilisés par les tensions entre Anne Hidalgo et le groupe écolo à Paris et par l’absence d’accords pour les régionales, sauf dans les Hauts-de-France, les rêves de reconstitution de la «gauche plurielle» risquent de se fracasser sur le mur des incompatibilités idéologique croissantes entre ses diverses composantes. Deux gauches irréconciliables? Au moins deux, et plus vraisemblablement davantage.

Si les écologistes se laissent rattraper par leurs vieux démons, leur ambition de recomposer la gauche autour d’eux, voire de gouverner un jour le pays, risque fort de tourner court.

Pour l’observateur politique, ce qu’est en train de montrer cette écologie municipale nouvelle formule est aussi un objet de perplexité: si on fait abstraction des conditions très particulières du vote de mars/juin 2020, il n’est pas sûr que l’électorat qui a porté ses équipes aux responsabilités, qu’on devine jeune, intégré et diplômé, trouve forcément son compte dans ce nouveau logiciel idéologique, d’ailleurs très composite, entre philosophie «décroissante» qui puise aux sources du christianisme social, modernisme et volontarisme affichés en matière de transports, d’alimentation ou d’aménagement urbain, et le retour à une certaine radicalité d’extrême-gauche.

Surtout si c’est pour faire la courte échelle à une dictature nationaliste, autoritaire et religieuse comme celle d’Erdogan.

En somme, si les écologistes se laissent rattraper par leurs vieux démons - ce qu’on pourrait appeler d’un oxymore tel que dogmatisme foutraque, ou rigidité bordélique -, leur ambition de recomposer la gauche autour d’eux, voire de gouverner un jour le pays, risque fort de tourner court.

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