Commentary on Political Economy

Monday 20 December 2021

 Valérie Pécresse envoie un message à l’électorat catholique depuis l’Arménie

Valérie Pécresse, à Lille, le 10 décembre.

Valérie Pécresse, à Lille, le 10 décembre. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE »

Sur les hauteurs d’une des collines d’Erevan, la capitale de l’Arménie, douze blocs de granit entourent un foyer où brûle en permanence un feu en souvenir des victimes du génocide des Arméniens, commis par l’Empire ottoman aux mains des Jeunes-Turcs à partir de 1915. L’impressionnant monument, érigé dans les années 1960, sera l’étape inaugurale du tout premier déplacement que Valérie Pécresse entreprend à l’étranger depuis sa désignation, samedi 4 décembre, comme candidate du parti Les Républicains (LR) à l’élection présidentielle.


La présidente de la région Ile-de-France a acté ce voyage en Arménie, qui se déroule du 20 au 23 décembre, le jour même de sa victoire au congrès, en présence des ténors du parti, réunis dans le bureau du patron de LR, Christian Jacob, dans la foulée de la proclamation des résultats. Elle emmène avec elle l’ex-commissaire européen Michel Barnier et le sénateur de la Vendée Bruno Retailleau. C’est d’ailleurs ce dernier qui, très sensible à la question des chrétiens d’Orient, a « soigneusement » préparé le déplacement.


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Le message ici est clair : en se rendant à Erevan peu après un conflit meurtrier entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh, Valérie Pécresse souhaite à la fois s’emparer de la thématique des chrétiens d’Orient, dont l’existence, rappelle-t-on partout à droite, est menacée. « Ce qui se passe là-bas nous concerne, affirme Bruno Retailleau. Parce que nous avons une histoire commune, des liens multiséculaires, nous partageons un combat culturel, de civilisation. »


Contrer le discours identitaire de Zemmour

« Ce que subissent les chrétiens d’Orient montre ce que pourrait être le séparatisme poussé à l’extrême », abonde la députée du Doubs et numéro deux du parti Annie Genevard, qui rappelle que cette « cause » est défendue de longue date à droite. « Se rendre auprès de ceux qui sont poursuivis pour leur foi a son poids de symboles à l’approche de Noël », poursuit-elle. Ce faisant, Valérie Pécresse se place résolument dans le sillon de l’ex-candidat LR à l’élection présidentielle François Fillon, qui avait accordé une large place à ces sujets lors de la campagne de 2017.


En organisant un « grand rassemblement de mobilisation et de soutien » à ces « minorités persécutées » en 2015, au Cirque d’hiver, à Paris, l’ancien premier ministre s’était allié les faveurs du mouvement conservateur Sens commun, émanation de La Manif pour tous, qui avait ensuite soutenu sa candidature deux ans plus tard. La soirée, conclue par un Notre Père, avait été considérée comme un « succès » par les stratèges du futur candidat, dont celui qui allait devenir son directeur de campagne, Patrick Stefanini, qui dirige aujourd’hui la campagne de Mme Pécresse.


A son tour, la présidente de la région Ile-de-France tente de s’attacher un électorat catholique qui était en grande partie demeuré fidèle au candidat de la droite en 2017. Manière, d’abord, de consolider le socle électoral de la droite, avant de tenter d’élargir par la suite. Pour le chef de file de la délégation LR à Bruxelles, François-Xavier Bellamy – qui s’est lui aussi rendu en Arménie, en avril –, ces gages donnés à l’électorat de François Fillon seraient bienvenus au moment où les discours identitaires et civilisationnels du polémiste d’extrême droite Eric Zemmour – qui s’est lui aussi rendu à Erevan, mi-décembre – trouvent un certain écho à droite.

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