Commentary on Political Economy

Thursday 18 May 2023

HOW RATLAND CHINA HAS RUINED AFRICA

 

Dette : « Au Ghana comme dans le reste de l’Afrique, le retour d’un cauchemar »

CHRONIQUE


Philippe Escande


Guerre en Ukraine et Covid-19 ont eu raison de la prospérité de ce petit pays modèle pour le continent, qui a dû se résoudre à un emprunt de 3 milliards de dollars auprès du FMI, dont l’octroi débute ce mercredi, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».


Publié le 17 mai 2023 à 11h41   Temps deLecture 1 min.


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Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, à Washington, le 13 décembre 2022. SAUL LOEB / AFP

Il était le modèle de la nouvelle Afrique, avec sa démocratie stable et prospère. Ce petit pays de 30 millions d’habitants, niché entre la Côte d’Ivoire et le Togo, était le chouchou de la diaspora africaine, avec un revenu par tête parmi les plus élevés de la région et un dynamisme exemplaire. Aujourd’hui, le Ghana est en ruine. La crise sanitaire puis la guerre en Ukraine et ses répercussions sur le prix de l’énergie ont eu raison de cette trajectoire vertueuse.


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En décembre 2022, le pays s’est déclaré en défaut, incapable de rembourser ses dettes, et a entamé des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un plan de sauvetage. Ce mercredi 17 mai, l’organisation internationale va lui octroyer une aide de 3 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros), avec une première tranche de 600 millions déblocable immédiatement.


Un ballon d’oxygène obtenu de haute lutte, le FMI n’accordant son soutien qu’à la condition que les pays créanciers acceptent ensemble la renégociation de leurs échéances de remboursement, voire l’annulation d’une partie de la dette. Depuis 1956, les grands pays prêteurs se réunissent au sein du Club de Paris pour trouver des solutions coordonnées. Le système a fonctionné jusqu’à l’arrivée de Chine, devenue en quelques années l’un des principaux créanciers des pays pauvres.


Une vingtaine de pays menacés

Selon la Banque mondiale, 38 % des pays proches du défaut sur la dette ont pour premier créancier la Chine. Or l’empire du Milieu préfère négocier directement la restructuration avec les pays endettés. Ce qu’il a fait abondamment, mais en faisant payer sa mansuétude par des livraisons de matières premières ou par la mainmise sur des infrastructures qu’il avait aidé à financer.


Pour une fois, la Chine a accepté d’entrer dans la négociation commune. Une très bonne nouvelle pour des pays comme le Tchad, l’Ethiopie ou la Zambie, qui eux aussi négocient avec le FMI un allégement de leur fardeau financier. Au total, près d’une vingtaine de pays africains sont menacés par la dégradation actuelle de l’économie. En moyenne, selon The Economist, 17 % du revenu des gouvernements africains partent dans le remboursement de la dette extérieure. Au Ghana, c’est 30 %.


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Durant les années 2000, ce petit pays, comme ses voisins et tout le continent, a largement investi dans des ports, des routes, des trains et des aéroports avec l’argent étranger, et notamment chinois. Souvent aussi, comme à Accra, la capitale du Ghana, dans des édifices somptueux, une cathédrale de 5 000 places au cœur de la ville. Comme partout dans le monde, mais avec des conséquences économiques et politiques bien plus dramatiques, le cauchemar de la dette est de retour en Afrique.

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