Commentary on Political Economy

Friday 8 March 2024

 

Chine : les intérêts du parti d’abord

Le fait le plus marquant de la session annuelle du Parlement chinois, ouverte depuis le 4 mars, est sans doute une absence. La conférence de presse que, depuis trente ans, chaque premier ministre tenait à l’issue de cette assemblée essentiellement formelle a disparu. Xi Jinping, qui, lui, n’a jamais daigné répondre aux questions des journalistes depuis son accession au pouvoir en 2012, n’a sans doute pas apprécié qu’en 2021 le premier ministre d’alors, Li Keqiang, profite de la seule occasion qui lui était donnée chaque année de parler devant la presse pour indiquer que 600 millions de Chinois vivaient avec moins de 1 000 yuans (environ 120 euros) par mois. Cette affirmation relativisait sérieusement le succès de la lutte contre la pauvreté dont se prévalait Xi Jinping. Li Keqiang ayant dû quitter ses fonctions en 2023, Xi en a profité pour mettre fin à ce rituel.

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On n’aurait tort de ne voir qu’une querelle d’ego dans cette décision. Celle-ci s’accompagne en effet d’une autre réforme : la réduction, depuis 2020, de la durée de cette session parlementaire ramenée d’environ deux à une seule semaine.

Le sens de ces deux modifications n’est que trop évident. Dans la Chine de Xi Jinping, l’Etat est avant tout au service et aux ordres du Parti communiste. Xi Jinping aime se prévaloir sur la scène internationale de son titre de président de la République, mais en réalité ses deux autres fonctions, secrétaire général du Parti communiste et président de la commission militaire centrale, sont celles qui comptent le plus dans l’exercice du pouvoir.

Retour aux sources inquiétant

Dans les années 2000, les prédécesseurs de Xi avaient accru les prérogatives de l’Etat au détriment du parti. Une façon de prouver aux yeux du reste du monde, mais aussi des Chinois, que la page du maoïsme était bel et bien tournée. Mais Xi a toujours vu dans cette séparation des pouvoirs – pourtant très relative – une menace. En bon léniniste, il est convaincu du primat du parti sur le pays. C’est bien son drapeau, et non celui de la République populaire de Chine, qui recouvre le corps de Mao dans le mausolée de la place Tiananmen.

Ce retour aux sources est inquiétant mais pas surprenant. Il est dans la droite ligne du changement de la Constitution qui, depuis 2018, met fin à la limitation des mandats, permettant à Xi de rester au pouvoir aussi longtemps qu’il le souhaite, là encore en rupture avec la politique lancée à la mort de Mao en 1976.

Lire aussi l’archive (2018) :

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