Commentary on Political Economy

Saturday 17 April 2021

 

Prague accuse Moscou d’être impliqué dans l’explosion d’un dépôt de munitions en 2014 et expulse des diplomates russes

Un policier tchèque devant l’ambassade de Russie à Prague, vendredi 16 avril. Sur la grille d’entrée, une banderole représentant Vladimir Poutine avec les inscription « tueur, voleur, dictateur ».
Un policier tchèque devant l’ambassade de Russie à Prague, vendredi 16 avril. Sur la grille d’entrée, une banderole représentant Vladimir Poutine avec les inscription « tueur, voleur, dictateur ». PETR DAVID JOSEK / AP

Prague va expulser 18 employés de l’ambassade russe que ses services de renseignement ont identifiés comme des agents des services d’espionnage de Moscou, a annoncé Jan Hamacek, le ministre des affaires étrangères tchèque, samedi 17 avril. Ils ont 48 heures pour quitter la République tchèque.

Le premier ministre tchèque Andrej Babis a expliqué de son côté que son pays avait « des preuves irréfutables » impliquant des agents de l’unité 29155 du GRU, le renseignement militaire russe, dans une explosion de 50 tonnes de munitions dans un dépôt, à Vrbetice, dans l’est du pays, qui avait tué deux personnes le 16 octobre 2014. Le 3 décembre de la même année, 13 tonnes de munitions explosaient de manière inexpliquée.

« L’explosion a provoqué d’immenses dégâts matériels et mis en danger les vies de nombreuses personnes, mais elle a surtout tué deux de nos compatriotes », a ajouté M. Babis, qui a précisé avoir reçu cette information vendredi, sans expliquer pourquoi le gouvernement tchèque l’avait obtenu si tard.

Deux agents russes identifiés

Dans la foulée, l’unité tchèque responsable du crime organisé (NCOZ) a diffusé les photos de deux hommes porteurs de passeports russes, Alexander Petrov, né en 1979, et Ruslan Bachirov, né en 1978, les deux empoisonneurs au Novitchok de Salisbury en 2018. « Les deux hommes étaient présents sur le territoire tchèque en octobre 2014 » lorsque l’explosion de Vrbetice a eu lieu, a fait valoir le NCOZ, ajoutant qu’ils avaient aussi des passeports du Tadjikistan et de la Moldova.

« Nous nous trouvons dans une situation similaire à celle du Royaume-Uni au lendemain de la tentative d’empoisonnement à Salisbury en 2018 », a ajouté M. Hamacek en référence au cas de Sergueï Skripal, un ancien agent double qui avait survécu à une attaque des services russes sur le sol britannique. M. Hamacek a précisé qu’il avait convoqué l’ambassadeur russe Alexandre Zmeïevski ce samedi soir.

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Relations mises à mal sur fond de vaccin Spoutnik V

Ces révélations vont « nuire aux relations russo-tchèques », a déploré M. Hamacek, qui venait de prendre par intérim la place de son homologue proeuropéen Thomas Petricek aux affaires étrangères tout en gardant ses fonctions de ministre de l’intérieur.

M. Petricek avait été mis à pied lundi par le président tchèque prorusse Milos Zeman après s’être opposé à un recours au vaccin russe contre le Covid-19 Spoutnik V sans le feu vert européen. Social-démocrate proeuropéen, M. Petricek avait également critiqué une éventuelle participation de la Russie à un chantier dans le secteur du nucléaire.

La Pologne avait annoncé jeudi avoir expulsé trois diplomates russes accusés d’« actions hostiles », après que les Etats-Unis ont pris des mesures similaires dans le cadre d’une riposte contre une série d’actes imputés à Moscou.

Washington a annoncé jeudi une nouvelle vague de sanctions à l’encontre de la Russie, en riposte à une série d’actes qu’il lui impute, dont des cyberattaques massives et des ingérences dans l’élection présidentielle américaine de novembre. Moscou dément de son côté toute implication.

La Russie a annoncé vendredi qu’elle allait en réponse expulser dix diplomates américains.

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