Commentary on Political Economy

Tuesday 25 January 2022

 Crise en Ukraine : l’Allemagne accusée de manquer de solidarité avec ses alliés

Le chancelier allemand Olaf Scholz lors d’une vidéoconférence avec le président américain Joe Biden et les dirigeants européens parlant de la Russie et de l’Ukraine depuis la chancellerie de Berlin, en Allemagne, le 24 janvier 2022.

Le chancelier allemand Olaf Scholz lors d’une vidéoconférence avec le président américain Joe Biden et les dirigeants européens parlant de la Russie et de l’Ukraine depuis la chancellerie de Berlin, en Allemagne, le 24 janvier 2022. JESCO DENZEL / VIA REUTERS

Autre reproche fait à l’Allemagne : son approche du dossier Nord Stream 2. En décembre 2021, Olaf Scholz avait été très critiqué en évoquant un « projet du secteur privé ». Dans la droite ligne d’Angela Merkel, le nouveau chancelier avait été contredit par son propre ministre de l’économie, l’écologiste Robert Habeck, qui avait qualifié le gazoduc d’« erreur sur le plan géopolitique ».


Le « sentiment de menace » de Moscou

Depuis, Olaf Scholz a rectifié le tir en déclarant, le 18 janvier, que l’Allemagne était prête à ne pas mettre Nord Stream 2 en service si la Russie attaquait l’Ukraine. Aux Etats-Unis, où l’indécision allemande commençait à sérieusement agacer, l’engagement a été accueilli avec soulagement.


La brève mise au point du chancelier allemand n’a toutefois pas totalement rassuré les contempteurs de sa politique à l’égard de la Russie. D’abord parce que plusieurs responsables de son parti, le SPD, défendent clairement la carte de l’apaisement vis-à-vis de Moscou. C’est notamment le cas du président du groupe social-démocrate du Bundestag, Rolf Mützenich, qui a déclaré « comprendre le sentiment de menace » éprouvé par la Russie face à l’OTAN. Ou encore de plusieurs dirigeants du SPD dans les Länder de l’est de l’Allemagne, farouchement opposés à toute politique de sanctions contre Moscou, à l’instar de la ministre-présidente du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, au bord de la Baltique, où se trouvent les terminaux de Nord Stream 1 et 2.


Ces différents reproches adressés à l’Allemagne ont été rassemblés, dimanche, dans un article au vitriol publié dans le Wall Street Journal. Sous le titre « L’Allemagne est-elle un allié fiable des Etats-Unis ? Nein », le quotidien américain conservateur élargit toutefois la focale, affirmant que la complaisance de Berlin vis-à-vis de Moscou a son pendant, plus à l’Est, à l’égard de Pékin. « En face des deux menaces les plus sérieuses pour la sécurité de l’Amérique et de l’ordre démocratique de l’après-seconde guerre mondiale – la Chine et la Russie –, l’Allemagne n’est plus un allié crédible. Pour l’Allemagne, avoir du gaz pas cher, exporter ses voitures en Chine et laisser M. Poutine tranquille semble être plus important que la solidarité entre alliés démocratiques », accuse le Wall Street Journal dans cet article qui souligne le fossé existant aujourd’hui entre une partie des élites américaines et un pays longtemps considéré comme l’allié principal de Washington sur le continent européen.

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