Commentary on Political Economy

Friday 8 September 2023

Elections européennes : l’extrême droite à l’offensive

De l’Italie aux pays scandinaves en passant par l’Allemagne, l’extrême droite gagne électoralement du terrain. En France, Emmanuel Macron peine à répondre aux offensives de LR, du RN et de Reconquête ! sur le sujet de l’immigration, où les dispositifs européens restent imparfaits.

Publié hier à 11h00, modifié hier à 11h07 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Les élections européennes n’auront lieu qu’en juin 2024, et bien d’autres sujets retiennent aujourd’hui l’attention des Français : l’inflation, la santé, le logement… L’état des préparatifs n’en est pas moins révélateur du climat particulier de cette rentrée. L’extrême droite est à l’offensive. Elle a déjà désigné ses têtes de liste : Jordan Bardella pour le Rassemblement national (RN), Marion Maréchal pour Reconquête !.

L’objectif est le même : transformer le rendez-vous du 9 juin en une élection de mi-mandat, dont le résultat structurera la présidentielle de 2027, celle de l’après-Macron. A la fois concurrents et complémentaires, les deux partis ont en commun de se disputer les dépouilles de la droite républicaine par une activation quasi exclusive du thème de l’immigration.

Se sentant dans la peau du gibier chassé, le parti Les Républicains (LR) fait monter la pression sur le gouvernement, qui a présenté un projet de loi sur le sujet mais ne sait pas comment le faire voter. Conçu au départ comme un texte d’équilibre visant à faciliter la mise en œuvre des obligations de quitter le territoire français tout en favorisant l’intégration par le travail, il fait l’objet d’une surenchère qui n’est pas près de s’arrêter.

La droite républicaine réclame la disparition du dispositif visant à octroyer un titre de séjour dans les secteurs en tension, comme l’extrême droite. Evolution plus significative, elle met aussi en cause un certain nombre de traités et de dispositifs européens qui brident, selon elle, les capacités d’action nationales et exige un référendum pour y parvenir.

L’offensive se déroule sur un terreau politique fertile : de l’Italie aux pays scandinaves en passant par l’Allemagne, l’extrême droite gagne électoralement du terrain en activant l’argument identitaire sur fond de désordres mondiaux. Au Parlement européen, les digues que lui oppose la droite conservatrice apparaissent de moins en moins solides. A la Commission européenne, l’élan qui avait marqué le début de mandat d’Ursula von der Leyen s’essouffle avec le départ annoncé de plusieurs commissaires.

Un avertissement sérieux

Même si elles n’ont pas à rougir de leur bilan en termes de riposte à la pandémie, de soutien à l’Ukraine, d’accompagnement de la transition écologique, de réglementation du numérique et de prise de conscience qu’une souveraineté continentale est à bâtir, les instances européennes sont fragilisées par le durcissement du jeu mondial, qui exacerbe le besoin de protection et avive les nationalismes.

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Pour Emmanuel Macron, l’avertissement est sérieux. Jusqu’à présent, il articulait sans difficulté les concepts de puissance nationale et de souveraineté dans le cadre de l’Union européenne pour conserver l’avantage sur le terrain européen. Cette fois, il peine à répondre à la triple offensive de LR, du RN et de Reconquête ! sur un sujet où les dispositifs européens restent imparfaits. Son parti ne lui est d’aucun secours. Il n’est pas encore engagé dans la campagne des européennes et n’a même pas désigné sa tête de liste.

Pour contrer l’extrême droite, la gauche se trouve dans une posture encore plus inconfortable. Divisées sur la question européenne, incapables depuis un an d’engager le moindre travail de fond au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, ses différentes composantes se présenteront éparpillées à ce scrutin, se privant de tout effet de masse.

Après Europe Ecologie-Les Verts et le Parti communiste, le Parti socialiste a acté, mardi 5 septembre, le principe d’une liste autonome, sans être pour autant en mesure d’annoncer qui la conduira. Esseulée, La France insoumise paie et fait payer à son camp le prix de sa radicalité.

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