Commentary on Political Economy

Thursday 14 December 2023

 

Guerre en Ukraine : « Sans un passage à une économie de guerre des pays occidentaux, la stratégie de Moscou risque d’être payante »

Avec le précieux concours des Pays-Bas et du Danemark, les Etats-Unis ont rendu possible le déploiement prochain en Ukraine des premiers F-16. Nous espérons que cette étape est le signe annonciateur de la constitution d’une force aérienne de deux cents ou trois cents appareils permettant à l’Ukraine d’assurer une défense effective de son espace aérien.

Sans céder au pessimisme ni au défaitisme, il nous semble cependant que l’ennemi auquel l’Ukraine fait face aujourd’hui a su tirer des leçons de ses erreurs militaires initiales, relancer son complexe militaro-industriel et acquérir la maîtrise de nouveaux types d’armements.

La Russie a su, par ailleurs, trouver auprès de quelques alliés de nouvelles sources d’approvisionnement en armements. De ce point de vue, la livraison par l’Iran de bombes planantes et une probable fourniture prochaine de missiles à moyenne portée nous semblent particulièrement inquiétantes.

Lire aussi :

Alors que les Etats-Unis sont le pays leader de la coalition Ramstein [en Allemagne, où se trouve une base aérienne américaine, lieu d’une rencontre multilatérale organisée le 26 avril 2023], nous appelons le président Biden à lever les restrictions d’utilisation des armements fournis par son pays et à inviter les pays membres de la coalition à faire de même, afin que l’armée ukrainienne puisse neutraliser dans la profondeur du territoire ennemi les structures et les équipements militaires, les dépôts de munitions et de carburant ainsi que les usines du complexe militaro-industriel russe.

Une structure sur le modèle du CoCom

En outre, le non-respect par certaines entreprises européennes et américaines de l’embargo sur la fourniture à la Russie de technologies militaires ou duales nous semble particulièrement grave et appelle, croyons-nous, une réponse très ferme qui pourrait consister en la création au sein de l’OTAN d’une structure sur le modèle du Coordinating Committee for Multilateral Export Controls [Comité de coordination du contrôle multilatéral des exportations, à destination des pays de l’ex-bloc communiste], le CoCom de la guerre froide, chargée de veiller au plein respect de l’interdiction d’exportation de toute technologie sensible en direction des pays représentant une menace réelle ou potentielle pour le monde libre.

Outre la Russie, nous pensons à la République populaire de Chine, à l’Iran, à la Corée du Nord et à la Biélorussie.

Lire aussi la tribune :

Sans une mobilisation beaucoup plus forte que celle que nous avons connue jusqu’ici, l’Ukraine ne pourra pas gagner cette guerre et, avec elle, l’ensemble des pays de la coalition. Sans un passage à une économie de guerre de l’ensemble des pays occidentaux, avec les commandes tangibles aux industries de l’armement que cela implique, la stratégie de Moscou consistant à gagner du temps, à miser sur la fatigue des gouvernements et des opinions publiques, risque d’être payante. Nous ne pouvons le permettre.

Premiers signataires : Filippos Andrianos, commodore à la retraite, marine hellénique, Grèce ; Vincenzo Camporini, général à la retraite (GR), ancien chef de la défense, Italie ; Vincent Desportes (GR), ancien directeur du Centre pour la doctrine et l’emploi des forces (CDEF), professeur associé à Sciences Po, France ; Vicente Díaz de Villegas y Herrería, (GR), armée espagnole, analyste en matière de sécurité et de défense, Espagne ; Eric S. Edelman, ambassadeur à la retraite, ancien sous-secrétaire à la défense pour la politique, 2005-2009, Etats-Unis ; Gert-Johannes Hagemann, général de division à la retraite, armée allemande, Berlin, Allemagne ; Willy Herteleer, amiral à la retraite, ancien chef de la défense belge ; Ben Hodges, lieutenant général à la retraite, ancien commandant de l’armée américaine en Europe, Etats-Unis ; Anton Hofreiter, président de la Commission des affaires de l’Union européenne du Bundestag, Allemagne ; Heribert Hupka, général de brigade à la retraite, armée allemande, Wachtberg, Allemagne ; Sandra Kalnieté, membre du Parlement européen, ancienne commissaire européenne, ancienne ministre des affaires étrangères, Lettonie ; Roderich Kiesewetter, membre du Bundestag, représentant des affaires étrangères pour le groupe CDU/CSU, Allemagne ; David J. Kramer, ancien secrétaire d’Etat adjoint américain à la démocratie, aux droits de l’homme et au travail ; Andrius Kubilius, membre du Parlement européen, ancien premier ministre, Lituanie ; Vytautas Landsbergis, ancien président de la République, Lituanie ; Pandeli Majko, ancien premier ministre, Albanie ; Jean-Paul Perruche (GR), ancien directeur général de l’état-major de l’Union européenne, France ; Paolo Puri (GR), ancien conseiller militaire du président du conseil des ministres, Italie ; Marc Thys, lieutenant-général à la retraite, ancien chef adjoint de la défense, Belgique ; Pekka Toveri, général de division à la retraite, membre du Parlement, Finlande.

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